L'histoire
Un fils de notre temps relate, à la première personne, et dans un style d’apparence très simple, le parcours d’un jeune chômeur qui décide de s’engager dans l’armée pour échapper à la misère et établir, sous la domination de son pays, un monde qu’il pense plus juste. La vision fugitive d’une jeune femme, dans une fête foraine, le bouleverse et le hante. Blessé lors de l’invasion d’un état voisin, il se voit écarté de l’armée et replonge dans les angoisses de sa vie passée. Le sursaut du héros l’entraîne dans le crime et la mort.

Intention
Un jeune homme, sans qualités, issu d’un milieu populaire cherche à s’approprier son destin. Au travers des liens qui lient l’intime et le social, Horvath interroge son époque.
Il parvient à créer entre nous et un anonyme une fraternité. Et lorsque, à la fin du récit, le jeune homme épuisé s’assied sur un banc sous la neige, c’est l’humanité toute entière qui s’assoit avec lui. Horvath nous place devant ce vide, « cette espèce d’insuffisance centrale de l’âme » qu’il nous faut, comme le dit Nicolas Bouvier, apprendre à côtoyer.
Pour restituer les sensations accumulées aux cours de nos lectures de ce « fils », nous usons du texte comme d’un matériau, au même titre que le son ou les improvisations des acteurs. Notre adaptation, poème scénique plutôt que traduction fidèle, basée sur les situations et les dialogues du texte, cherche à rendre la multiplicité des sens et des sensations. Quatre corps, quatre voix disent la multitude d’un homme sans nom et sans visage.
Nous voulons que ce « fils » puisse interroger les spectateurs d’aujourd’hui aussi finement qu’Horvath le fit avec les lecteurs de son temps.
— Alexis Moati et Gilles Robic